Selon le rapport de l’OCDE, la France en tête pour le temps consacré à l’enseignement des fondamentaux, mais pour des résultats décevants.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié en septembre 2023 son rapport intitulé « Regards sur l’éducation« . Ce rapport met en lumière un aspect particulièrement intéressant du système éducatif français : le temps consacré aux apprentissages des fondamentaux, à savoir les mathématiques et le français. Selon ce rapport, la France se positionne en tête des pays de l’OCDE en termes de temps dédié à ces matières essentielles. Cependant, malgré cet investissement important en temps, des défis subsistent.

Les chiffres clés du rapport

Les données fournies par l’OCDE sont éloquentes. En moyenne, les enseignants français consacrent environ 38% de leur temps d’enseignement à la langue française, tandis que la moyenne des pays membres de l’OCDE se situe à seulement 21%. De même, les mathématiques occupent 21% du temps d’enseignement en France, contre 16% en moyenne dans les autres pays de l’OCDE. Cela signifie que près de 59% du temps d’enseignement en France est dédié aux fondamentaux, comparé à seulement 37% dans le reste des pays de l’OCDE.

L’efficacité de ce modèle en question

Bien que ces chiffres puissent sembler flatteurs à première vue, ils suscitent des interrogations quant à l’efficacité réelle de ce modèle éducatif. En réalité, il semble même contreproductif, car malgré cet investissement massif en temps, la France se classe souvent derrière d’autres pays qui consacrent moins de temps aux fondamentaux. Les enquêtes internationales régulières, telles que le Programme international de recherche en lecture scolaire (PIRLS), révèlent que les élèves français présentent des lacunes significatives en mathématiques et en français, ce qui remet en question la pertinence de cette approche.

La politique ministérielle et son impact

Une des raisons de cette focalisation sur les fondamentaux réside dans la politique ministérielle mise en place depuis plusieurs années. Les enseignants sont en effet contraints de centrer leurs enseignements sur les matières fondamentales. Par exemple, la plupart des formations ont disparu au profit de formations presque exclusivement en français et en mathématiques. Des consignes avaient également été données pour que les Activités Pédagogiques Complémentaires (APC) se consacrent uniquement à l’apprentissage de la lecture. Cette orientation a contribué à l’augmentation du temps consacré aux fondamentaux.

Les inégalités sociales et les enquêtes internationales

Outre les chiffres fournis par l’OCDE, il est important de mentionner que les enquêtes internationales, telles que le PIRLS, mettent en lumière les inégalités persistantes dans le système éducatif français. Le PIRLS teste les compétences en lecture des élèves de CM1 dans différents pays, et ces enquêtes montrent que les disparités entre les élèves en fonction de leur milieu social demeurent une réalité préoccupante en France. Les élèves issus de milieux socio-économiques favorisés ont souvent un meilleur accès à des ressources éducatives supplémentaires, creusant ainsi l’écart avec leurs pairs issus de milieux moins favorisés.

Conclusion

En conclusion, bien que la France se classe en tête des pays de l’OCDE pour le temps consacré aux fondamentaux, il est crucial de se pencher sur la qualité de cet enseignement et sur les inégalités persistantes. Les enseignants et les décideurs doivent collaborer pour mettre en place des réformes éducatives qui favorisent un apprentissage équilibré et inclusif, afin de préparer au mieux les élèves à affronter les défis du XXIe siècle. L’attention portée aux fondamentaux ne doit pas se faire au détriment d’autres compétences essentielles, et des efforts doivent être faits pour réduire les inégalités sociales dans l’éducation. Les consignes ministérielles ayant un impact direct sur le temps consacré aux fondamentaux doivent également être revues de manière à promouvoir une éducation plus équilibrée et inclusive.