En Corée du Sud, l’IA remplace déjà partiellement les professeurs dans 30% des établissements !

Une expérimentation technologique à grande échelle

Depuis mars 2025, un tiers des écoles primaires et collèges sud-coréens ont adopté des manuels scolaires numériques intégrant une intelligence artificielle. L’objectif annoncé : faciliter le travail des enseignants et améliorer les performances des élèves. En anglais par exemple, chaque élève interagit directement avec une IA via sa tablette, qui corrige sa prononciation et transmet les résultats à l’enseignant. Un vrai gain de temps selon certains enseignants, qui y voient une aide précieuse pour le suivi individualisé.

Comment ça fonctionne concrètement en classe

Lors des phases de travail individuel, les élèves ne sont plus guidés directement par leur enseignant, mais par un outil informatique. Grâce à une tablette ou un ordinateur, et souvent munis d’un casque, ils interagissent avec une intelligence artificielle qui adapte les exercices à leur niveau, les corrige immédiatement, et collecte leurs résultats. Cette IA n’est pas seulement là pour faire réciter des leçons : elle évalue les compétences de chaque élève, propose des contenus personnalisés, et transmet en temps réel toutes les données à l’enseignant.

Le rôle du professeur change alors profondément : il suit à distance les performances de chacun, identifie les élèves en difficulté et décide, en fonction de ce qu’il observe à l’écran, s’il doit intervenir auprès d’un élève ou d’un petit groupe. L’élève est donc en interaction principale avec l’IA, tandis que le professeur devient un accompagnateur ponctuel, mobilisé à la demande.

Ce système concerne autant les compétences écrites (exercices, dictées, résolutions de problèmes) que l’oral, notamment dans l’apprentissage des langues, où l’IA analyse la prononciation et la fluidité du discours.

Des avantages concrets pour les enseignants

Lim Seong-ha, enseignante en mathématiques, salue l’aide précieuse de cette technologie : l’IA prend en charge les corrections, permet un suivi en temps réel et laisse à l’enseignant la main sur la conception du cours. On n’est donc pas face à une automatisation totale de l’enseignement, mais à un outil qui soutient certaines tâches répétitives, notamment dans les matières comme les mathématiques, l’informatique ou les langues.

Une approche éducative qui interroge

Mais cette innovation divise. L’affichage en temps réel des résultats des élèves sur le tableau, véritable tableau de bord de la performance, s’inscrit dans un système scolaire coréen déjà très compétitif. Kwon Jeongmin, chercheuse à l’Université nationale de l’éducation à Séoul, alerte sur une pédagogie centrée uniquement sur les résultats : « Cette IA va à l’opposé de la pensée critique et créative que l’école doit cultiver. »

Et si, demain, ces IA prenaient aussi en charge les temps collectifs ? Rien n’empêche d’imaginer que l’outil prenne un jour le relais du professeur pour lancer une leçon, poser des questions aux élèves ou mener une activité de groupe. Une perspective qui pose question, tant sur le plan pédagogique qu’éthique.

Une question qui pourrait bientôt nous concerner

Même si cela nous semble encore lointain, ce type d’expérimentation en Corée du Sud – pays souvent en avance technologiquement – peut être annonciateur de ce qui nous attend. L’idée d’un assistant IA pour aider les professeurs à corriger, suivre les progrès ou différencier les apprentissages pourrait séduire dans nos écoles. Mais à quel prix pédagogique et humain ? Faut-il craindre une école pilotée par les données ou y voir un moyen de mieux accompagner les élèves ?

Une chose est sûre : le débat ne fait que commencer. Et il nous concerne aussi.

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