L’école, une garderie de luxe ? Réflexion sur la place réelle de l’école
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caroline fournier, le il y a 2 semaines et 4 jours.
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Depuis quelques années, une tendance lourde se dessine dans les mentalités parentales : l’école, pourtant obligatoire, semble de plus en plus considérée comme une simple solution de garde. Pas comme un lieu essentiel de transmission, d’apprentissage ou de construction intellectuelle, mais comme un service pratique… qu’on utilise à la carte.
En tant qu’enseignante, je suis frappée par deux grandes catégories de comportements parentaux que je vois se répéter chaque année :
1️⃣ Les parents “gestionnaires de planning”
Ceux-là adaptent la présence de leur enfant à l’école selon leur propre emploi du temps. Un pont, un week-end prolongé, des vacances moins chères en semaine ? L’enfant est absent. Mais attention : ils réclament ensuite le travail à l’avance, comme si apprendre pouvait se résumer à remplir une fiche ou faire un exercice de maths à distance.2️⃣ Les parents “hyper-précautionneux”
Ils retirent leur enfant de l’école pour le moindre bobo ou petit inconfort : un rhume, un genou égratigné, une nuit agitée… L’école devient alors secondaire, voire accessoire. On la contourne, on l’interrompt sans culpabilité, car dans l’esprit de ces parents, l’école n’est plus cette institution qui structure le quotidien de leur enfant. Elle est un service parmi d’autres.Et pourtant, l’école est obligatoire… Non ?
L’école est bien sûr obligatoire, du moins sur le papier. Mais la réalité du terrain montre à quel point cette obligation est relativisée :Lors des grèves, la priorité n’est plus donnée à la continuité pédagogique, mais à l’organisation d’un service minimum de garde par la mairie.
Les ponts de mai, chaque année, sont l’illustration parfaite de cette dérive : les taux d’absentéisme explosent.
Pour exemple, dans ma classe : le mardi 22 avril, trois élèves ne seront pas là. Le lundi 21 étant férié, le mercredi sans classe… les parents ont choisi de rentrer plus tard de vacances pour économiser sur les billets.
Et que dire des vendredis 2 et 9 mai, qui suivent les jours fériés ? Combien d’élèves manqueront à l’appel ?Un changement de regard sociétal
Cette situation pose une vraie question de fond :➡️ Quelle est aujourd’hui la place de l’école dans notre société ?
➡️ Est-elle encore perçue comme un pilier de l’apprentissage, de la socialisation, de la construction de l’enfant ?
➡️ Ou est-elle réduite à une commodité, un lieu où l’on “dépose les enfants” pendant que les adultes travaillent ?
Ce changement de regard n’est pas anodin. Il affaiblit le rôle de l’école, décrédibilise l’investissement des enseignants, et envoie un message flou aux enfants : “Tu peux zapper l’école si ce n’est pas pratique aujourd’hui.”
Repenser la valeur de l’école
Ce blog est aussi là pour ça : mettre en lumière ces dérives, provoquer la réflexion, ouvrir le dialogue.Non pas pour accuser, mais pour réinterroger ensemble la manière dont nous percevons le rôle de l’école dans la vie de nos enfants.Parce que si l’école devient secondaire pour les adultes, comment pourrait-elle rester centrale pour les enfants ?
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